Compositeur et artiste sonore, Florent Colautti développe une pratique croisant musique et art numérique où le «physique» s’hybride par des protocoles numériques et électroniques.
Il travaille des procédés de lutherie contemporaine et construit un peu à l’image des «Intonarumori» de Luigi Russolo, diverses entités instrumentales qu’il greffe et augmente d’une prothèse électronique. Ces dispositifs mettent en jeu un appareil électro-mécanique tel que des moteurs rotatifs, des percuteurs, des vibreurs, des archets magnétiques. « Robotisés » , ces instruments proposent une anatomie hybride entre organique et mécanique. Pilotés via un appareillage informatique, ces corps électro-mécaniques déploient une narration musicale et poétique expressive et sensitive, qui se nuance de matières sonores éclectiques, originales et saisissantes.
A la manière d’un paysage, dans un décor épuré aux seules silhouettes des instruments, la scénographie définit une dynamique spatiale qui porte le regard des spectateurs, au gré de la pluralité esthétique des objets sonores et des relations musicales qu’ils entretiennent.
La lumière vient donner de la profondeur à l’espace et souligner les organes sonores, tantôt animéz par la composition musicale, tantôt détachéz des énergies auditives. L’envie est de construire un espace qui concourt à embellir l’écoute, les textures et mouvements musicaux, et génère des rapport de suspension ou de gravité à l’espace.
La Magnetone est un instrument à 8 cordes mises en vibrations par des archets électromagnétiques (principe du e-bow).
Les cordes de piano sont tendues sur un cadre métallique et amplifiées via deux microphones à contact. L’instrument offre des sonorités généreuses, riches en harmoniques, fragiles et vivantes.
Les Drums se composent de 8 éléments de batterie (grosse caisse, tom, caisse claire) qui sont stimulés par des vibreurs.
Le tremblement des vibreurs fait onduler, vibrer la peau et la met ainsi en résonance. Les sollicitations émises peuvent occasionner des sons pulsés et itératifs, tremblants, roulants ou continus.
Le groupe des Cymbales se compose de 3 cymbales sur pied maison équipé d’un moteur rotatif. Une tige plus ou moins rigide est fixée sur le moteur. Sous l’effet de la rotation la tige s’ouvre et vient tapoter le bord de la cymbale.
Le Girolum et le StickBasss se composent de moteurs rotatifs qui viennent fouettées, brosser ou tapoter des cordes. Voulut comme un instrument à la fois percussif et mélodique le Girolum évoque le jeu et les sonorités du cymbalum où jeux rythmiques et hauteurs déterminées sont insufflées. Le StickBass, à l’opposé, souligne une certaine puissance, par des cordes en métal qui offrent un large spectre harmonique, mais aussi par l’imposante dimension du moteur qui engendre la vibration des cordes.
Proches de la Magnetone, Les Magnetars sont des instruments à cordes utilisant des archets magnétiques, sur un corps en bois faisant office de caisse de résonance.
En correspondance avec les Cymbales, Les Tiges reprennent le principe de la rotation d’un moteur pour frapper, brosser, tapoter frontalement une surface.
Les Percuteurs sont des sortes de petits marteaux qui sous une charge électrique sortent de leur coquille et percutent une surface.
Ces mobiles sonores sont habités par une écriture informatique mais aussi par le geste en temps réel. Il s’agit de créer une composition par l’organisation d’une structure écrite — non linéaire — tout en laissant la place au geste qui apportera variations et évolutions dans le temps.
Florent Colautti : Conception, lutherie, programmation informatique et composition sonore
Violette Graveline : scénographie
Gweltaz Chauviré : création lumière